Dans le cadre des 80 ans de la Libération et de la "Caravane de l'Histoire" qui prendra la route au mois de juin pour deux conférences dans les Vosges, Histoire d'en Parler vous propose une série de portraits des jeunes chercheurs, doctorants et passionnés qui interviendront à cette occasion.
Rencontre avec Guillaume Yverneau, agrégé d'histoire et doctorant en Histoire contemporaine à l'Université de Caen Normandie dont la thèse s'intitule « Tommies et civils : étude des relations entre militaires britanniques et populations libérées en France (1944-1945) ». Il est également co-animateur du podcast "Plumes de doctorant.es" (https://plumes-de-doctorant-es.lepodcast.fr/) dédié à la recherche autour des guerres mondiales.
Comment faites-vous de l'histoire ?
Comme tout historien, en m'intéressant aux sources, aux archives matérielles et en les interrogeant, en les critiquant.
Comment étudie-t-on la Libération ? Quelles sont les archives ? Quels sont les ouvrages importants ?
Les archives pour étudier cette période sont multiples : témoignages (écrits ou oraux), archives militaires des armées alliées, archives de police et d'administration françaises, etc. Les principaux ouvrages historiques sur cette période seraient ceux d'Olivier Wieviorka, de Peter Caddick-Adams, de Jean Quellien ou de Hilary Footitt. D'autres abordent des points plus précis : Andrew Knapp sur les bombardements, Mary Louise Roberts sur les relations entre Françaises et GIs, Françoise Passera sur les civils ou Jean-Luc Leleu sur l'armée allemande face au Débarquement.
Pourquoi vous êtes-vous intéressés particulièrement à la Libération ?
Parce que vivant en Normandie, dans le Calvados plus spécifiquement, vous ne pouvez pas faire 10 kilomètres sans croiser un musée, une plaque, un monument ou un cimetière qui évoquent cette période. L'empreinte mémorielle de la Libération est fortement présente, et cela m'intéressait de l'interroger.
En quoi la Libération occupe une place importante dans la mémoire collective ?
Comme je le disais, la Libération fait sans doute partie des marqueurs mémoriels les plus importants de la Seconde Guerre mondiale en France. Bien qu'il soit à mon sens erroné de considérer qu'il existe une mémoire collective une et universelle, mais pour beaucoup de Françaises et de Français, cette mémoire est d'abord américaine. Je dis cela dans le sens où très vite, les photographies d'Omaha Beach et de films comme Il faut sauver le soldat Ryan (S. Spielberg) surgissent lorsque le terme de Libération est employé. Les troupes anglo-canadiennes sont assez largement éludées de ces mémoires, et la place des populations civiles dont beaucoup ont souffert sous les bombes alliées, l'est tout autant.
Que peut-on attendre de la commémoration à venir en juin prochain ?
Comme toute commémoration, elle sera politique. Ce à quoi il faut être attentif, c'est la manière dont les discours employés montrent le rapport des populations à leurs passés et ce par les différents acteurs concernés, divers tant par leur nationalité que par leur place dans la société. Il ne sera pas surprenant non plus que le côté le plus important en terme de nombre de manifestations se situe en Normandie, et que des régions comme le Nord de la France ne connaissent pas du tout les mêmes événements. Pour être attentif à tout cela, nous avons d'ailleurs créé au sein de l'université de Caen (laboratoire HisTeMé), un "Observatoire des Commémorations du 80e anniversaire en Normandie".
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