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Élections et candidatures farfelues : le cas Ferdinand Lop

Plus de 400 candidats ont concouru à la présidence de la République depuis son instauration en 1848 ; 75 personnalités ont été recensées depuis l’établissement du suffrage universel direct en 1962. Depuis l’élection présidentielle de 1965, les conditions se sont restreintes pour éviter la surabondance de prétendants mais aussi pour limiter les candidatures libres et/ou les propositions trop marginales. Parmi ces dernières, nous vous proposons de découvrir une personnalité étonnante de la vie républicaine du XXe siècle, à trois jours des élections présidentielles françaises.


Ferdinand Lop

Ferdinand Lop (1891-1974) incarne par excellence la candidature fantaisiste, farfelue ou fantasque aux élections législatives et présidentielles. Avant d’être connu par ses propositions insolites, Lop débute une carrière relativement classique dans l’enseignement, puis devient chroniqueur parlementaire à la fin des années 1920. Son originalité et quelques mauvaises blagues poussent le Parlement à lui retirer son accréditation en tant qu’assistant parlementaire du député de la Meuse, ce qui l’indigne au premier degré.


Il devient une figure publique bien connue du Quartier Latin à Paris ; des étudiants s’engagent pour sa cause (les « lopistes », parfois calomniés en « lopettes ») et animent des réunions publiques en sa faveur, tandis que d’autres s’en prennent à cet hurluberlu (les « anti-Lop ») dans des mises en scène imprévisibles et avec, toujours, des discours enflammés. Ainsi, Ferdinand Lop se présente systématiquement aux différentes élections politiques, mais aussi à l’Académie française (il y postule dix-huit fois), pour faire connaître sa cause, tandis qu’il écrit des ouvrages plus ou moins sérieux sur l’histoire et la politique françaises.


Le programme politique du candidat Lop reste volontairement flou, car il préfère « attendre d'être au gouvernement pour le révéler ». Le farceur avait de nombreuses propositions phares, entre autres : l'extinction du paupérisme après 22h, l'octroi d'une pension à la femme du soldat inconnu, l'installation de Paris à la campagne (pour que les habitants profitent de l'air pur) et la réduction de la grossesse à 7 mois. Les chroniques portées sur Ferdinand Lop semblent témoigner d’une base militante plus fantaisiste que le personnage en lui-même.


Néanmoins, cette personnalité politique singulière porte un regard critique sur la société de son époque, et, même s’il devient une figure surannée dans les dernières années de sa vie, Lop laisse derrière lui un héritage politique : de nombreux trublions et autres agitateurs des rues reprennent le principe de candidatures libres pour faire entendre des causes originales, dont la plus célèbre est sans aucun doute celle portée par l’humoriste Coluche pour l’élection présidentielle de 1981.


Pour aller plus loin :


- « Les candidatures libres aux élections présidentielles sous la Ve République », Michaël Gérard, Parlement[s], Revue d'histoire politique, vol. 4, no. 2, 2005.

- « Ferdinand Lop, bouffon égaré », Édouard Launet, Libération, 20 juillet 2010.

- « Radiographie des 75 candidats à la présidentielle depuis 1965 », Pauline Verge, Paul Turban, Jules Grandin, Tom Février, Les Échos, 2 avril 2022.

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