Lors de son discours d’investiture, Donald Trump a déclaré vouloir "stopper immédiatement toutes les entrées illégales" et a promis à la population "renvoyer des millions d'étrangers criminels dans leur pays d'origine". Lors de sa campagne, il a assuré vouloir conduire la plus grande vague d’expulsions de migrants de l’histoire des États-Unis. La question de l’immigration a une place majeure dans la géopolitique actuelle avec la multiplication des enjeux socioéconomiques autour de l’immigration de masse. Des personnes sont contraintes de fuir leur pays (du fait des guerres, des persécutions...), d’autres de changer de pays faute d'opportunités professionnelles. Au niveau mondial, les circulations de personnes tendent à progresser, alors que de nombreux pays commencent à limiter l’immigration voire à fermer les frontières. Ainsi, nous allons d’abord évoquer la place de la question de l’immigration dans l'histoire des États-Unis puis comment celle-ci a été abordée par les différents présidents américains depuis Barack Obama jusqu’au deuxième mandat de Donald Trump avant d’essayer de percevoir les retombées possibles de ce changement de politique.
Une histoire fondée sur l'immigration
La décision actuelle de ne pas accepter les migrants est controversée puisque dès les origines, l’immigration des populations européennes vers les États-Unis représente des afflux de main d'œuvre conséquents pour le développement du pays. Certes, l'histoire migratoire des États-Unis a connu des fluctuations entre périodes d’ouverture et de restriction. Au XIXe siècle, des vagues d’immigrations irlandaises, allemandes et britanniques ont contribué à façonner la population du pays. Entre 1819 et 1840, 743 000 immigrés sont arrivés, dont plus de 80% provenaient de ces trois pays.
Cependant, des politiques restrictives ont été mises en place comme la loi sur l’immigration de 1924, qui a mis en place des quotas d’immigration pour certaines nationalités. Après cette période de restriction des années 1920 à 1960, Les États-Unis sont redevenus un grand pays d’immigration. En 2000, près de 30 millions d’Américains d’origine étrangère étaient comptabilisés, soit 10,4% de la population totale. On constate cette diversité dans le pays avec de très nombreuses diasporas à New-York tels le quartier de Chinatown ou la Nouvelle-Orléans qui sont des témoignages significatifs de cette immigration.

Les politiques migratoires des États-Unis sous les mandats présidentiels récents
Barack Obama (2009-2017)
Sous l’administration Obama, bien que des mesures aient été prises pour protéger certains groupes de migrants comme le programme DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals), le nombre d’expulsion a atteint des niveaux record. Au moins 2,4 millions de personnes ont été expulsées, ce qui lui a valu le surnom de “deporter-in-chief" par des collectifs de défense des immigrants).
Donald Trump (2017-2021)
L’administration Trump a abordé une réglementation plus stricte en matière d’immigration, mettant en œuvre des politiques telles que la séparation des familles à la frontière et l’interdiction de voyage pour certains pays majoritairement musulmans (par le Décret présidentiel 13769, intitulé "Protéger la Nation de l'entrée de terroristes étrangers aux États-Unis" et connu sous son appellation médiatique de "muslim ban"). Bien que le nombre total d’expulsions ait été inférieur à celui de l’administration Obama, les méthodes étaient souvent plus sévères et discriminatoires ; ainsi, le projet de construction d’un mur militarisé le long de la frontière sud avec le Mexique est emblématique de ce durcissement.

Joseph Biden (2021-2025)
L’administration Biden a d’abord tenté de renverser certaines politiques mises en place par l’administration Trump, en mettant l’accès sur une approche plus humaine. Cependant, des tensions à la frontière et des crises politiques ont conduit à une réponse plus ferme à l’immigration. En 2024, par exemple, près de 3,5 millions de migrants ont obtenu la nationalité états-unienne mais il reste des points de discorde au niveau de la frontière sud.
Conséquences potentielles de la politique d’immigration de Trump
La politique de Donald Trump d’expulser la majorité des migrants en situation irrégulière pourrait avoir des répercussions significatives sur l’économie américaine. Les immigrés jouent un rôle crucial dans divers secteurs, notamment l’agriculture, la construction et les services. Leur expulsion massive pourrait entraîner une pénurie de main d’œuvre affectant la production et les prix pour les consommateurs. De plus, de telles tensions pourraient exacerber les maux sociétaux et augmenter la xénophobie. L’immigration est devenu un puissant vecteur d’expression du malaise social et de lutte contre les élites, tant aux États-Unis qu’en France.
En conclusion, Donald Trump veut expulser la majorité des migrants qui viennent en grand nombre aux États-Unis cela va avoir des conséquences sur l’économie d’un pays riche mais il va aussi y avoir des soucis de société ; le fait de renvoyer autant de migrants dans les autres pays, dans des conditions toujours plus dégradées, risque sans aucun doute de l'exposer à des contestations internes, mais aussi à des mises en garde et des sanctions de la part des instances internationales garantissant les droits de l'homme à l'Organisation des Nations Unies. Il a beau rejeter la légitimité de ces institutions afin d'avoir plus de liberté exécutive, la réalité du rapport de forces risque tôt ou tard de le rattraper. Il est possible qu’il rencontre des problèmes diplomatiques avec d’autres pays, notamment ceux dans lesquels il prévoit le renvoi des migrants, car cette politique du chantage (à l'instar du Mexique) a des chances de se retourner contre lui. D’autres pays, en revanche, vont soutenir ses décisions et peut-être même s’en inspirer, à l'image de l’Argentine et de l’Italie.
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